Catalogue historique

Un siècle d'édition

« Décidément, j'aime les catalogues, c'est presque aussi beau qu'un indicateur de chemin de fer, on y  voyage. » (Gaston Gallimard, 1916) On pourrait écrire sans effort une histoire de la littérature et des idées au XXe siècle à la lecture du seul catalogue des Éditions Gallimard. Derrière la célèbre couverture blanche aux filets rouges et noir siglée NRF se cache la richesse d’un catalogue aux multiples facettes, de la « Série noire » à la « Pléiade », du livre pour enfants aux collections de sciences humaines. Tout lecteur peut y trouver son bien, avant même d’entrer dans le secret des choix, raisons et pratiques qui sont le propre de la « fabrique éditoriale ».  Téléchargez l'historique

  • 1919-1939
    1919-1939

    La double enseigne

    Les années d’entre-deux-guerres voient s’élargir le champ éditorial de Gallimard avec la création de nombreuses collections, littéraires ou non : « Les Peintres nouveaux », « Les Tableaux illustrés », « Les Documents bleus », la « Bibliothèque des idées », « Les Essais », « Vie des hommes illustres », « Du Monde entier »...
    La littérature française de création trouve son laboratoire dans « Une Œuvre, un portrait », puis dans « Métamorphoses », qui accueillent les jeunes dadas puis les surréalistes, ainsi que des textes de Marcel Jouhandeau, Francis Ponge, Henri Michaux, Jacques Audiberti, Jean Tardieu... Jean Paulhan, rédacteur en chef de La NRF après la mort de Jacques Rivière en 1925, sera l’un des promoteurs de cette génération nouvelle.

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    Gaston Gallimard s’entoure de collaborateurs qu’il réunit chaque semaine au sein d’un comité de lecture. Les cadres intellectuels de la revue (Jean Paulhan, Benjamin Crémieux, Ramon Fernandez, Bernard Groethuysen) sont bientôt rejoints par Brice Parain, André Malraux, Marcel Arland, Raymond Queneau. Gallimard apporte dès lors une contribution décisive au renouvellement du roman, associant au catalogue des aînés les œuvres singulières de Paul Morand, Jules Supervielle, Jean Cocteau, Albert Cohen, Marcel Aymé, Joseph Kessel, Antoine de Saint-Exupéry, Jean Giono, André Malraux, Georges Simenon, Raymond Queneau ou Jean-Paul Sartre.
    André Malraux, lecteur, éditeur et directeur artistique de la Maison dans les années 1930, sera notamment l’un des promoteurs de la jeune littérature américaine (Ernest Hemingway, John Dos Passos, Erskine Caldwell, William Faulkner et John Steinbeck) qu’accueillent alors les Éditions, aux côtés des œuvres de Luigi Pirandello, Italo Svevo, Franz Kafka, Alfred Döblin, Vladimir Nabokov, Jorge Amado et, en léger différé, James Joyce.
    La période est également marquée par la publication des grands textes de Sigmund Freud et d’Alain, l’ouverture à la philosophie (Kierkegaard, Hegel, Heidegger), aux sciences de l’homme (Michel Leiris, Georges Dumézil) et, dans un contexte de plus en plus politisé, par la parution des grands essais de Julien Benda, André Gide, Jean Giono et Georges Bernanos.
    Sur les conseils d’André Gide, la Maison accueille en 1933 la prestigieuse « Bibliothèque de la Pléiade ». Fondée deux ans auparavant par l’éditeur Jacques Schiffrin au sein de ses propres Éditions, qui en conserve la direction à la NRF tout en prenant par ailleurs la responsabilité des publications pour la jeunesse, la collection rassemble de maniables et élégants ouvrages d’œuvres complètes ou anthologiques, reliés cuir et imprimés sur papier Bible. Vouée d’abord aux classiques, elle s’ouvrira aux contemporains et donnera davantage de place à l’appareil critique après-guerre.
    Les Éditions trouvent leur équilibre économique au début des années 1930 en confiant leur diffusion aux Messageries Hachette et en s’engageant dans la presse populaire et politique avec les hebdomadaires Détective, Voilà et Marianne. L’édition et la presse populaires permettent ainsi à Gaston Gallimard de financer la création, en attendant de recueillir les fruits de sa politique d’auteurs.
    De Macao et Cosmage en 1919 au Petit Prince en 1946, en passant par Les Contes du chat perché, la NRF tient une place singulière dans l’édition pour la jeunesse depuis les années 1930 grâce à Brice et Nathalie Parain et Jacques Schiffrin, qui posent à partir de 1934 les fondations d’un département jeunesse, dans la lignée de l’école russe du livre pour enfants.

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